Traditions et traductions des textes bibliques. Études de critique textuelle et d’exégèse

(éd.) Laurent Pinchard (éd.) Jean-Claude Haelewyck
Écriture Sainte - Recenseur : Norbert Jorion o.praem.

L’ouvrage rend hommage à la contribution de Christian-Bernard Amphoux à la recherche. Les vingt contributions de l’ouvrage sont distribuées en trois parties (« Traditions des textes bibliques », « Versions anciennes », « Texte massorétique et Septante »). Chaque contribution est une enquête. En Lc 9,10, Bethsaïde est-elle présentée comme une ville, un village ou un lieu désert ? En Mc 15,34, Jésus déclare-t-il avoir été « abandonné » ou avoir « reçu des reproches » ? Pourquoi Irénée de Lyon situe-t-il à presque cinquante ans la mort de Jésus sur la base de Jn 8,57 ? Les discussions de critique textuelle sont une porte d’entrée pour débattre de la manière de la pratiquer, défendant en particulier la méthode éclectique raisonnée, mise au point par C.-B. Amphoux (p. 23-24 notamment). De là, une réflexion sur les manuscrits est menée. L. Pinchard reconsidère p. ex. le statut du codex de Bèze en étudiant le premier évangile : plutôt qu’il ne contient un texte occidental « tardif et corrompu » (p. 172), celui-ci présente des variantes harmonisantes précieuses pour l’analyse de l’évangile matthéen. La 2e partie de ces mélanges est consacrée aux versions anciennes, appréciant leur diversité. A. Boud’hors montre p. ex. comment les trois types de textes de la version copte sahidique de l’évangile de Marc présentent des variantes non alexandrines. Ainsi, l’étude des versions témoigne de ce que plusieurs textes circulaient sur le même territoire – en l’occurrence, l’Égypte – invitant de facto à nuancer l’hégémonie du texte alexandrin ou, du moins, à prendre en compte les autres familles du texte grec. La critique textuelle fonde aussi des discussions théologiques : la recherche menée par C. Boudignon sur l’histoire du Notre Père lucanien permet ainsi d’aborder les difficultés posées par l’ambiguïté politique du règne de Dieu, ou le caractère scandaleux d’un Dieu tentateur (p. 341). C’est pour ces raisons que la version matthéenne du Notre Père aurait été composée, et qu’une version hybride du Notre Père, tenant compte de la version matthéenne, aurait remplacé la version primitive lucanienne. L’ouvrage discute enfin des écarts entre le Texte massorétique et la Septante. C.-B. Amphoux méritait certainement des mélanges d’un tel niveau. Deux points nous semblent surtout soulignés : (1) la pluralité des textes est toujours à prendre en compte, (2) l’étude textuelle nourrit l’exégèse : il y a entre ces deux-là un rapport d’imbrication. Ces deux points sont d’ailleurs indiqués dès le titre et le sous-titre du volume. La technicité des développements en fait cependant un ouvrage réservé aux spécialistes. — N. Jorion o.praem.

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