Die Fußwaschungserzählung im Johannesevangelium. Ein Beitrag zur johanneischen Ekklesiologie

Anni Hentschel
Écriture Sainte - Recenseur : Gonzague de Longcamp c.s.j.

Cet ouvrage est le fruit d’une thèse d’habilitation soutenue en 2020 et en reflète de nombreuses qualités. N’ayant pas, à proprement parler, une thèse à défendre, mais des recherches à présenter, Anni Hentschel fait preuve à la fois de rigueur et de largeur de vue. Elle veut, dans ce travail, apporter sa contribution à l’ecclésiologie johannique, ce à quoi elle parvient à n’en pas douter.

La littérature sur le lavement des pieds est foisonnante et chaque étude aborde comme en passant les conséquences ecclésiologiques (principalement sous l’angle éthique) de la péricope. Le 1er chap. offre une synthèse très large des recherches vues sous différents angles : histoire du texte ; perspective historique ; communautaire ; histoire des religions ; sociologie et culture ; théologie ou littérature. On trouve ainsi brossé un large panorama de la recherche, dont on peut regretter qu’il ne fasse que peu de cas de la littérature francophone.

Le 2e chap., intitulé « Méthode », aborde un aspect de la recherche laissé dans l’ombre dans le chap. précédent, à savoir l’intertextualité et la relecture. La suite de la démarche s’appuiera clairement sur cette dimension. Et cela n’est pas étranger à l’ecclésiologie, puisque la narratologie permet de lire Jean 13–17 comme un ensemble cohérent et signifiant, la relecture mettant en valeur le processus de tradition ecclésiale à l’œuvre à l’intérieur même du texte évangélique.

La place et la fonction du lavement des pieds dans l’antiquité est abordée par la plupart des articles et commentaires monographiques. Mais l’A. a le mérite de prendre dans son 3e chap. cette question à bras le corps, sous trois biais thématiques qu’elle va ensuite pouvoir exploiter dans la perspective ecclésiologique de son analyse de Jean 13.

Un autre aspect parfois évoqué, mais trop négligé par la recherche, est celui du parallèle entre l’onction de Béthanie (Salbung der Füsse) et le lavement des pieds (Fusswaschung). Dans ce chap., l’A. laisse de côté une question qui mériterait d’être exploitée théologiquement : la figure de Marie dans l’onction de Béthanie et celle des disciples dans le lavement des pieds ne nous disent-elles pas quelque chose de la complémentarité entre l’homme et la femme dans le soin à prendre du corps du frère, du corps du Christ ?

Grâce à ces quatre premiers chap., l’A. se trouve à pied d’œuvre pour analyser le lavement des pieds en plaçant directement cette scène dans son cadre pascal. Ce faisant, elle peut voir Jn 13 dans l’ensemble de la structure de Jn 13–17 et exploiter le potentiel sotériologique et ecclésiologique des parallèles entre le geste d’adieu du lavement des pieds et la prière d’adieu de Jn 17. On peut regretter ici qu’elle ne fasse aucune mention des travaux d’Y. Simoens, dont elle reprend les principales intuitions sans même le savoir.

Le titre du 6e chap. manifeste clairement la perspective d’ecclésiologie johannique que l’A. met en lumière : « missionnés pour aimer ». Elle présente dans ce chap. un long développement de la vigne comme métaphore ecclésiale. Étant donné la pertinence générale du propos, on aurait attendu une analyse plus détaillée du point de vue lexicographique, étant donné l’impact ecclésiologique que cela peut avoir. De plus, l’A. fait le choix, comme beaucoup de commentateurs, de borner son analyse à la 1re partie du chap. 15. Or, Jn 15,18–16,4 présente une visée ecclésiologique en ce qui touche les rapports de la communauté et du monde, ce qui rend les deux parties du chapitre inséparables.

Dans un dernier chap., l’A. ramasse l’ensemble de ses résultats en une vingtaine de pages qui permettent d’avoir accès à l’essentiel de sa recherche.

Ce livre fera date dans les recherches d’ecclésiologie johannique, par sa précision et sa concision. Beaucoup d’études ont déjà relevé des éléments d’ecclésiologie dans le texte johannique. On ne peut que se réjouir d’avoir ici un travail systématique sur ce sujet. On salue le fait que cette étude sur l’ecclésiologie soit menée par une exégète protestante. Cela montre une nouvelle fois que l’ecclésiologie possède un fonds commun puissant dans la théologie johannique et que cela devrait contribuer à faire avancer le travail œcuménique. Il est à souhaiter qu’exégètes et théologiens catholiques se mettent au travail pour pouvoir contribuer au dialogue. — G. L.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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