The Philosophy of Human Nature in Christian Perspective
(éd.) Peter J. Weigel (éd.) Joseph G. Prud'hommePhilosophie - Recenseur : Christof Betschart o.c.d.
La contribution de Wolterstorff « Why Animals Don't Speak » (p. 17-38) analyse - dans le cadre de la théorie des speech acts (Austin) - le phénomène de la normativité du langage, c'est-à-dire que des personnes humaines, dans des conditions ordinaires, sont responsables de ce qu'elles disent. Ce fait présuppose l'existence d'un sujet moral ce qui - selon l'A. - n'est pas le cas des animaux qui - par conséquent - ne parlent pas, en tout cas pas de manière responsable comme les personnes. L'approche chrétienne se fait jour dans la mesure où l'A. n'apporte pas d'argument philosophique qui montrerait que les animaux ne sont pas des sujets moraux, mais il propose plutôt une analyse des premiers chap. de la Genèse qui présente l'homme comme capable de répondre à Dieu et comme responsable de cette réponse (answerability, responsability), ce qui n'est pas affirmé des animaux. De manière similaire, Sokolowski (« Language, the Human Person, and Christian Faith », p. 39-51) réfère son analyse des différents niveaux du langage humain (en particulier la prosodie, le lexique, la grammaire et la syntaxe) à leur accomplissement en Jésus-Christ, perfection de la nature et du langage humains.
Les deux contributions suivantes s'intéressent, dans le contexte d'une recherche spécialisée, à deux auteurs médiévaux, celle de Hurley à Hugues de Saint-Victor (p. 53-63) et celle de Teske à Guillaume d'Auvergne (p. 65-81) en manifestant des virtualités « modernes » de ces penseurs, en particulier la considération de la nature humaine en tant qu'historique. La contribution proprement théologique de McCord Adams est de montrer, à travers une évaluation de plusieurs modèles de l'inhabitation de l'Esprit Saint, que la personne humaine ne s'épanouit pas comme égocentrée, mais dans un partenariat vécu avec Dieu. Les deux dernières contributions, d'auteurs catholiques, proposent le point de vue magistériel sur le début (Nicanor, p. 101-122) et la fin (Grisez, p. 123-149) de la vie humaine. Nicanor défend l'hominisation immédiate dans un dialogue intéressant entre la philosophie aristotélicienne de l'âme et une approche systémique de la biologie contemporaine qui exige une révision de la conception de l'âme en tant que végétative, sensitive et intellective (p. 112). Grisez, de son côté, propose une critique de plusieurs conceptions théologiques de la mort qui encouragent une euthanasie active.
L'aperçu des différentes contributions de ce vol. montre qu'il ne s'agissait pas d'aborder la nature humaine comme un problème, mais de montrer, dans la perspective d'une philosophie chrétienne - au sens d'une intégration de la révélation chrétienne dans le discours philosophique -, la spécificité humaine par rapport aux animaux et sa dignité dans la possibilité d'une communication personnelle avec Dieu, même indépendamment de l'activité humaine consciente pleinement développée. - C. Betschart o.c.d.