Membre de la société des Missions Étrangères de Paris, l'auteur de
cette thèse soutenue en Sorbonne (1980) a vécu et enseigné
l'histoire au Vietnam de 1958 à 1975. La première partie de
l'ouvrage couvre la période qui va d'Alexandre de Rhodes (1624),
puis des premiers vicaires apostoliques à l'arrivée de Pigneau de
Béhaine (1767). La seconde, moins connue et plus fouillée, couvre
l'activité de ce dernier, jusqu'à sa mort en 1799. L'action des
missionnaires, on le sait, fut dans l'ensemble freinée par des
conflits politiques et militaires régionaux, handicapée par les
intérêts commerciaux et stratégiques des nations occidentales,
affaiblie par les incessants démêlés des ordres religieux entre eux
et avec les vicaires apostoliques, minée par les querelles à propos
des rites d'inspiration confucéenne. Les conflits d'intérêts ou les
malentendus culturels aboutirent plus d'une fois à des édits de
prohibition, des mesures d'expulsion ou de persécution. Mais alors
que des publications de la fin du 19e s. campaient Pigneau de
Béhaine en «précurseur de la colonisation française en Indochine»,
cette nouvelle étude, fondée davantage sur les riches archives des
Missions Étrangères, réhabilite la dimension proprement religieuse
et missionnaire de son action, soulignant notamment son souci de
former un clergé autochtone. Centré sur la Cochinchine, l'ouvrage
fait largement droit aux rapports avec les régions voisines:
Tonkin, Cambodge, Siam… Il offre une chronique abondante et
documentée. Le lecteur pourra toutefois regretter l'absence
d'analyses ou de conclusions d'ensemble: les pages intitulées
«conclusion» ne proposent à vrai dire qu'un résumé du parcours
effectué. - J. Scheuer sj