Dieu en l'homme. Inhabitation de Dieu Trinité et assimilation de l'homme à la vérité
Denis ChardonnensThéologie - Recenseur : Christof Betschart o.c.d.
Dans les 4 premiers chap., la question de la vérité est abordée dans le contexte d'une théologie trinitaire avec la proposition de relire l'adaequatio rei et intellectusthomasienne (cf. p. 56-65) comme « conformité de personne à personne, c'est-à-dire conformité du Christ au Père à laquelle nous sommes appelés à participer » (p. 18). Les chap. suivants éclairent progressivement cette idée d'une vérité qui n'est pas simplement attribut divin, mais qui anime les relations interpersonnelles et qui conduit ainsi à une réinterprétation personnaliste. Ainsi, le Verbe est présenté comme la Vérité engendrée du Père (à partir de Jn 14,6), dans le sens d'une appropriation (p. 77, 104), et l'Esprit comme Esprit de Vérité (à partir de Jn 15,26) avec l'idée que la doctrine du Filioque manifeste l'inséparabilité de la vérité et de l'amour (p. 131).
Dans cette perspective, notre amour de la vérité reflète les processions intratrinitaires et initie un processus d'assimilation à la vérité par le Fils et dans l'Esprit Saint que l'A. expose dans les chapitres 5-8. À partir d'une réflexion sur le don de l'Esprit Saint et sur l'inhabitation trinitaire par grâce avec un prolongement eckhartien sur la naissance de Dieu en l'homme (chap. 5-6), l'A. développe d'une manière plus approfondie sa propre perspective, à savoir les conséquences de son questionnement sur la vérité pour le cheminement de la personne humaine. Ainsi propose-t-il dans le chap. 7 - à partir de ce que Jean de la Croix dit de l'union avec Dieu Trinité - le cheminement spirituel comme une assimilation à la lumière de la vérité ou une entrée dans le mystère de la beauté de la Trinité. La via veritatis devient ainsi une via pulchritudinis (p. 260). Le dernier chap. propose un approfondissement de la dimension dynamique de la vérité comprise précisément comme un « marcher dans la vérité » (2 Jn 1-4.6, 3 Jn 3-4), ce qui met en relief la « force transformatrice de la vérité » (p. 329) à la fois pour la théologie et pour la vie chrétienne. Ce dynamisme est manifesté notamment par John Henry Newman à travers sa réflexion sur le développement du dogme (p. 361-366) et par Thérèse d'Avila dans son témoignage sur la transformation intérieure qu'elle comprend comme un « marcher dans la vérité » (cité p. 379). La thèse proposée par l'A. est qu'il n'y a pas de vie spirituelle chrétienne sans que le mystère de la vérité soit au centre, du moins si l'on approche ce mystère avec autant de largeur, de profondeur et de nuances que le présent livre. - C. Betschart o.c.d.